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L'enfer de Huis-clos
Le 6 août 2007
Notre appartement dispose d'un puits de lumière, fort agréable en matière d'éclairage, mais quelque peu encombrant en matière de régulation thermique, surtout lors des chauds mois d'été dont bénéficie notre belle région varoise.
Pour tenter de remédier à ceci, nous pensons depuis un certain temps déjà faire installer un store pour atténuer les effets du soleil sur la température de notre logis. Et donc, lorsque vendredi soir, lors d'une de mes rares incursions au supermarché du coin, j'aperçois le stand de Huis-Clos, et voyant qu'ils proposent entre autres services la pose de stores, j'invite naïvement l'un de leurs représentants commerciaux à venir nous établir un devis.
Grossière erreur ! Au vu des événements de la soirée, il apparaîtra je pense assez rapidement que c'est une expérience que je ne souhaite à personne.
J'étais un peu inquiet après avoir accepté le rendez-vous, devant l'insistance de mon interlocuteur à ce que ma moitié soit présente au dit rendez-vous : cela me rappelait étrangement d'autres pratiques commerciales un peu trop manipulatrices à mon goût ; mais après tout, me rassurai-je naïvement, quelle sorte de manipulation peuvent être mises en oeuvre dans l'établissement d'un devis pour un store ?
Notre ami "technicien commercial" se présente donc à l'heure convenue, et commence son baratin ; après un tour d'horizon rapide de la verrière qui réclame un peu d'ombrage, nous avons le droit à un questionnaire destiné à "mieux nous connaître" (autrement dit permettant de mieux cibler le client potentiel et briser la glace).
Lorsqu'après une demi-heure utilisée à remplir les quelques cases de la première page de ce questionnaire, et ayant un nombre tout à fait effrayant de "mais je vous en parlerai plus en détails plus tard", je tente de presser un peu notre bavard commercial. Sa mission étant sans doute de pouvoir cocher toutes les cases de son parcours du combattant commercial, il n'en sautera pas pour autant une seule étape : nous avons le droit à la présentation de l'entreprise de bout en bout, et sommes censés être convaincus de la fiabilité de l'entreprise du fait qu'elle ait un logo (je n'invente rien), dont un exemplaire trône au dessus du périphérique parisien, c'est dire.
La laborieuse présentation de l'entreprise se conclut en nous demandant de confirmer l'impression de sérieux que dégage l'entreprise : classique stratégie d'engagement - une fois que vous vous êtes rangés oralement derrière une idée, elle vous semblera plus difficile à remettre en cause (comme le décrit le Petit traité de manipulation à l'usage des gens honnêtes déjà évoqué dans ces pages).
Vient ensuite la présentation du produit, au cours de laquelle Madame se voit confier la responsabilité du choix esthétique, alors que Monsieur est appelé à juger la qualité technique. Lieu commun qui tombe quelque peu à plat chez nous.
Lorsque vient le moment de la proposition financière, Madame est supposée tenir les cordons de la bourse. En tout cas, ni Monsieur ni Madame ne peuvent être en mesure de comprendre le système de financement "qui n'est pas un crédit" mais un "compte liberté de gestion libre" (sic), et dont le taux général de 10% n'a pas vraiment d'importance puisqu'il est équivalent à 9,9% ou 5.5% ou 0,825% dans un système arithmétique que votre serviteur n'a toujours pas compris.
Quand après nous avoir demandé d'estimer le prix du devis (histoire de repérer s'il va devoir consentir une ristourne sur un prix dont il a juré ses grands dieux une heure plus tôt qu'il était le même partout en France), il nous présente une offre, il exige alors une réponse immédiate.
Quand nous lui indiquons que nous ne prendrons certainement pas une décision le soir même et que nous devions établir des devis comparatifs, notre intrus technico-commercial (présent déjà depuis deux heures, alors que nous lui avions fait comprendre que nous étions pressés) commence à s'agiter, à nous demander pourquoi nous voulions comparer (quelle drôle d'idée), et déclenche l'arme ultime : le coup de fil du patron qui s'interroge où en est son salarié, et qui est prêt à consentir une réduction du fait d'un "budget restant du mois dernier".
Reconnaissons à l'intrus un cran certain : après avoir été invité d'abord cordialement à raccourcir son baratin, puis à bien vouloir quitter notre appartement, ce n'est qu'après s'être mis franchement en colère, lui avoir détaillé que nous n'étions pas dupe un seul instant des différentes manoeuvres commerciales, et lui avoir ordonné de "se casser" de notre appartement qu'il n'a abandonné son poste, non sans se plaindre de ce que nous l'ayons pris pour un con en lui faisant perdre sa soirée.
Est-ce que le fondateur de Huis-Clos (dont nous avons eu la chance inespérée d'apprendre la biographie au cours de la soirée) a fait preuve de cynisme en appelant son entreprise ainsi en évoquant ainsi que "l'enfer, c'est les autres" ?
La prochaine fois, je penserai à regarder sur le Web avant: nous ne sommes pas les seuls à conspuer leurs pratiques.